25 Septembre 2021 " Olivier " Tags : Dacia
Le low-cost... Voilà un terme qui est utilisé dans l'automobile depuis l'arrivée de Dacia sur le marché européen avec la célèbre Logan. Pourtant, vous allez voir que la marque roumaine, propriété de Renault, s'éloigne petit à petit de cette image bas de gamme qui lui colle à la peau. La preuve avec le Duster testé ci-dessous...
Sorti en 2010, la première génération du Duster fut un énorme succès, en France mais aussi en Europe. Les raisons d'une telle réussite sont simples : Renault est parvenu à entrer sur un créneau très porteur, celui des SUV (Sport Utility Vehicle) en proposant un véhicule simple mais élégant, qui propose l'essentiel, avec de vraies qualités mais aussi quelques défauts qui sont rapidement oubliés grâce aux tarifs attractifs.
La seconde génération du Dacia Duster, commercialisée début 2018, est restée fidèle au look de son prédécesseur, en augmentant le caractère baroudeur de ce SUV qui est, il est vrai, un très bon tout-terrain (la version 4x4 demande un surcoût de 2 000 €). Du caractère, il n'en manque pas, avec sa hauteur de 1.69 m, son aspect carré, son capot haut perché et sa calandre imposante.
Ajoutez à cela des sabots à l'avant et à l'arrière, des pneus de 17 pouces, de larges passages de roues, des barres de toit ton carrosserie et vous comprendrez que Dacia cherche petit à petit à monter en gamme pour s'éloigner de son illustre ancêtre, la très fiable mais disgracieuse Logan.
Avant, on achetait une Dacia pour son prix, maintenant on l'achète aussi pour son style. Qui l'aurait cru ?
Ce Duster II ne bénéficie pas du restylage dont profite le "nouveau" Duster. En réalité, ce dernier n'a fait l'objet que de très légères retouches qui n'ont pas modifié sa ligne très réussie, ni ses dimensions. Si sa longueur de seulement 4.34 m le classe parmi les SUV compacts, à l'œil nu, il paraît beaucoup plus grand.
Notez le dessin des optiques arrière qui rappelle celui du Jeep Renegade. A votre avis, copie volontaire ou non ?
La tôle est apparente au niveau des passages de roues arrière. Une faute de goût difficile à comprendre qu'un œil averti voit immédiatement. Installer des carénages en plastique ne demanderait pas un investissement important et ferait disparaître la sensation de conduire un véhicule à bas coût...
Si l'extérieur a gagné en prestance, l'intérieur a connu lui aussi de grosses modifications. Le style est devenu agréable, notamment grâce aux aérateurs ronds, aux touches piano et aux commandes de ventilation et climatisation chromées qui rappellent certains modèles plus prestigieux. Quand on vous dit que Dacia fait tout pour monter en gamme...
Si les plastiques restent durs et brillants, leur grain et leur aspect mat présentent plutôt bien et les assemblages sont globalement bien réalisés, au moins pour tout ce qui est visible immédiatement. On pourrait rêver de plastiques moussés de meilleure qualité, en particulier sur le haut de la planche de bord, mais cela conduirait inévitablement à une hausse des tarifs. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Si les qualités de cet intérieur sont indéniables, on pourrait lui reprocher un petit problème d'ergonomie : l'écran tactile, repris du Renault Captur, demeure un peu trop bas pour être consulté sans quitter la route des yeux trop longtemps et surtout, il devient difficilement lisible en cas de forte luminosité.
La planche de bord, un peu massive au premier abord, inspire la robustesse. Notez la console centrale orientée vers le conducteur et les aérateurs ronds simples mais pratiques.
Le tableau de bord est simple mais lisible. Pas de couleur pour l'écran central, entièrement monochrome.
La caméra de recul, couplée au radar de stationnement arrière, est très utile. Dommage qu'il n'y ait pas un radar de stationnement similaire à l'avant. Pour pallier au problème, il faut opter pour la caméra multi-vues qui permet de profiter de 4 caméras situées autour du véhicule.
Il est temps de prendre place au volant de ce très sympathique SUV. Monter à bord demande un petit effort du fait de la hauteur de l'engin. Une fois assis, on constate rapidement que les sièges proposent un bon confort. Si comme certains propriétaires de Duster, vous trouvez que ces derniers manquent de maintien au niveau des lombaires, sachez que la version Prestige essayée ici-même propose un réglage situé au niveau de l'accoudoir central, qui permet de gonfler un coussin en bas du dossier.
A la conduite, deux défauts apparaissent : on s'aperçoit vite que l'assise est un peu trop courte ce qui risque de déplaire aux plus grands, et surtout le maintien latéral est insuffisant, ce qui conduit à être baladé de gauche à droite lorsque l'on adopte une conduite dynamique.
Le petit volant à quatre branches gainé de cuir, réglable en hauteur et en profondeur, tombe facilement sous la main et regroupe les commandes de limiteur-régulateur de vitesse, bluetooth et celles liées à l'ordinateur de bord.
Les rangements sont assez nombreux dans l'habitable à l'avant comme à l'arrière. Un tiroir est même proposé sous le siège passager. A noter quelques problèmes de réception radio, le système RDS n'étant pas très efficace.
A l'avant, le Duster, grâce à sa largeur de 1.80 m (hors rétroviseurs), offre un espace appréciable. A l'arrière, les passagers sont également choyés grâce à un espace pour les jambes assez généreux et une bonne garde au toit. Trois enfants peuvent facilement prendre place à l'arrière, ce sera certainement moins le cas pour trois adultes étant donné la largeur plus restreinte de la place centrale. Dans tous les cas, les passagers pourront voyager sans crainte grâce au confort dispensé par la banquette arrière. Pour information, celle-ci est rabattable 1/3-2/3. Les possibilités de modularité du Duster s'arrêtent là malheureusement...
Le tunnel de transmission, qui s'explique par l'existence d'une proposition tout-terrain, est beaucoup moins envahissant que sur des modèles analogues.
Finissons-en avec les aspects pratiques en parlant du coffre. Ce dernier propose une capacité de 450 litres. En plus d'offrir un bon volume, il a le mérite d'être très logeable grâce à son aspect parfaitement cubique. La hauteur de l'engin rend cependant son chargement plus difficile et il n'est pas proposé un plancher de coffre réglable qui permettrait de mettre le niveau de chargement à une hauteur idéale. Pour être totalement objectif, si la qualité des matériaux est globalement très correcte, celle des garnitures de coffre rappellent les origines low-cost de la marque roumaine...
Les bagages de la famille trouveront facilement leur place dans ce coffre spacieux. Il faudra simplement disposer de gros biceps pour les charger... C'est à partir du coffre que l'on peut débloquer l'emplacement où se trouve une vraie roue de secours.
Même s'il s'agit d'une finition haute, plutôt bien dotée, le démarrage se fait à l'aide d'une clé, très simple d'aspect. Un système mains-libres, initié par Renault il y a plusieurs années, est cependant proposé sur la version Prestige +. Un tour de clé plus tard, le bien connu moteur 1.5 Blue dCi Renault se met en marche au quart de tour. Et il faut bien l'avouer, on reconnaît immédiatement l'origine du carburant qui l'anime. En bon diesel, il donne de la voix et claque. La marque aurait-elle oublié d'installer des matériaux insonorisants ? Si cette motorisation se fait entendre à froid et sur les premiers rapports de vitesse, elle devient heureusement plus discrète sur route et autoroute, où elle ne se fait pas plus entendre que la grande majorité de ses concurrentes. Ainsi, inutile d'acheter des boules Quiès avant de partir en vacances...
En 6ème à 80 km/h, le moteur tourne à 1500 t/min environ. Une bonne chose pour la consommation. Ce moteur de 115 ch n'est qu'une petite évolution de l'ancienne version 110 ch suite au passage aux normes Euro 6 et l'installation d'un système de dépollution avec adjonction d'AdBlue.
Au quotidien, ce bloc convient très bien au Duster. Ses 115 chevaux et son couple de 260 NM disponible assez tôt (1 750 tours/min), rendent cette auto très polyvalente. Il accepte bien volontiers d'évoluer à bas régime et reprend avec suffisamment de vigueur en cas de besoin. Si les performances officielles semblent correctes mais sans plus, avec en particulier un 0 à 100 km/h réalisé en un peu moins de 12 secondes, à la conduite on n'a jamais l'impression de manquer de puissance, grâce en particulier au poids très contenu de ce SUV, de l'ordre de 1 200 kg. Un chiffre certainement un peu optimiste malgré tout...
Surtout, ce bloc se montre particulièrement économique. Sur route, il est possible de rester facilement sous les 4.5 L/100 km. La consommation mixte (route-ville) peut sans difficulté demeurer sous les 5.5 L/100 km en conduite normale. Avec son réservoir de 50 litres (après contrôle, sa capacité réelle semble plus proche des 55 litres...), le Duster diesel autorise une autonomie comprise entre 900 et 1 000 km. Il n'y a que sur autoroute où le niveau de consommation avoisine les 6.5 L/100 km, un chiffre un peu moins favorable dû au manque d'aérodynamisme de la ligne. Un défaut qui a une autre conséquence à cette vitesse : les bruits d'air finissent par dominer ceux émis par le moteur, ce dernier étant encore une fois plutôt silencieux sur ce type de parcours.
Avec une garde au sol de 21 cm, le SUV roumain peut facilement s'aventurer sur des chemins délicats.
Si le moteur offre des performances globalement bonnes, le châssis est-il à la hauteur ? Répondons rapidement à cette question : c'est effectivement le cas. Si ce n'est clairement pas le plus amusant à conduire, la faute à une prise de roulis en virage, il se montre sécurisant. Même en adoptant une conduite sportive, le train avant fait reculer au maximum le phénomène de survirage (l'avant a tendance à tirer tout droit) et le train arrière enroule assez facilement. Et si vraiment, vous faites preuve d'un excès d'optimisme, l'antidérapage entre en action assez rapidement pour remettre le véhicule sur la trajectoire désirée. Disons-le clairement : un Peugeot 3008 ou son dérivé l'Opel Grandland affichent des comportements routiers plus dynamiques, c'est certain. Mais pas sûr que ces derniers offrent le même confort. Car avec ses suspensions à grand débattement et ses pneus de 17 pouces taille haute, le Duster traite avec souplesse ses occupants. Un bon point !
S'il fallait signaler un point négatif, nous pourrions évoquer la direction à assistance électrique. Si celle-ci se montre très souple et agréable à basse vitesse, facilitant ainsi les manœuvres, elle manque de consistance lorsque la vitesse augmente. Cela nuit à la précision de conduite.
Encore un petit inconvénient : si le maniement du levier de vitesse est agréable et précis, la boîte se montre bruyante à chaque changement de rapport. Un défaut absent sur la Mégane Estate Blue dCi 115 ch équipée de la même boîte et essayée ici-même il y a quelques mois.
L'appellation Duster est rappelée un peu partout : sur les sièges, le hayon, les barres de toit et les optiques.
La finition Prestige n'est plus la version la plus haute proposée, le haut de gamme étant désormais incarné par la version Prestige +. Cependant, comme son nom l'indique, elle permet déjà de bénéficier d'un certain nombre d'équipements intéressants comme la climatisation automatique (sans séparation gauche/droite), le GPS, le régulateur/limiteur de vitesse, les quatre vitres électriques (avec impulsion uniquement côté conducteur), la caméra de recul (avec radars de recul), de belles jantes de 17 pouces et de nombreux éléments spécifiques de carrosserie qui lui confèrent ce style baroudeur. Si l'essentiel est présent, inutile de chercher des équipements électroniques de dernière génération. Dacia ne veut pas marcher sur les plates- bandes de Renault...
Côté prix, ce Duster Blue dCi 115 ch Prestige est vendu à environ 20 000 €. A ce tarif-là, il n'a aucun concurrent ! C'est le prix d'un Renault Kadjar 1.5 dCi de 2 ans et 40 000 km environ sur le marché de l'occasion. Si on devait effectuer un rapide comparatif, le Kadjar pourrait l'emporter uniquement grâce à ses niveaux de sécurité et d'équipements légèrement supérieurs...
En ce qui concerne le coût d'entretien, celui-ci est relativement raisonnable par rapport au coût moyen constaté sur d'autres modèles. Voici les tarifs moyens constatés sur les pièces les plus courantes : embrayage : 830 €, distribution+pompe à eau : 530 €, plaquettes avant : 110 €, disques avant : 170 €, amortisseurs avant : 340 €, catalyseur : 1050 €. Seuls les pneus demandent un budget certain du fait de la monte généreuse...
C'est un point que nous avons déjà abordé au moment du test de la Dacia Sandero il y a quelques temps : c'est un fait, les Dacia ne sont pas les mieux notées en termes de sécurité. Aux crashs-tests Euro Ncap, le Duster n'a obtenu que 3 étoiles sur 5. Est-il dangereux pour autant ? En analysant les résultats, on s'aperçoit que le Duster obtient des notes très satisfaisantes lors des tests de sécurité passive. Ce sont lors des tests de sécurité active qu'il perd de précieux points car il lui manque des équipements modernes tels que l'assistance au maintien sur la voie ou le freinage d'urgence autonome. En résumé, à bord du SUV roumain, vous serez très correctement protégé en cas d'accident, par contre vous aurez plus de difficultés à les éviter...
La cellule de survie reste intacte après le crash-test frontal et les occupants sont globalement bien protégés.
Le Duster ne propose pas encore de versions hybride ou électrique. En revanche, la gamme de moteurs essence est assez large, allant de 100 à 150 ch alors que la gamme diesel se limite désormais à cette unique proposition.
Pour trouver une motorisation équivalente en termes de performances à ce bloc diesel de 115 ch, il faut se tourner vers la très récente motorisation 1.3 TCe de 130 ch. Ce bloc, conçu en collaboration avec le groupe Mercedes, se montre agréable, disponible et nerveux tout en se contentant d'une consommation mixte en normes WLTP de 6.2 L/100 km, soit environ 1 litre de plus que son homologue diesel. Mais comme cette version essence n'est que 500 € moins chère que la version diesel et qu'elle fait l'objet d'un petit malus écologique de 210 € à l'heure actuelle (une taxe vouée à augmenter...), son intérêt financier demeure limité.
Ce n'est pas toujours le cas, mais objectivement le diesel conserve l'avantage dans le cas du Duster grâce à un surcoût à l'achat très limité, qui demandera peu de temps avant d'être amorti.
En toute honnêteté, le Duster parvient à faire aussi bien que des SUV parfois deux à trois fois plus cher. S'il présente forcément quelques petits défauts, il suffit de se rappeler de son prix pour vite les oublier. Car il offre certainement le meilleur rapport prix/prestations de la catégorie...
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