24 Mai 2019 " Olivier " Tags : Opel
Cela faisait quelques années que la gamme Opel ne faisait plus rêver. Entre des modèles au style trop sage, des moteurs n'offrant pas le plaisir de conduite attendu, des châssis manquant de précision, la marque peinait à se démarquer face à une concurrence beaucoup plus forte. Heureusement, il y a quelques mois, Opel détenue alors par General Motors, a débuté une collaboration avec PSA (Peugeot-Citroën) pour la conception de châssis communs, une partie que le groupe français maîtrise particulièrement bien. Le rachat de la marque allemande par le groupe français a définitivement entériné cette collaboration pour le plus grand bien d'Opel, qui bénéficie désormais des châssis, de la technologie, ainsi que des moteurs PSA. Après le Crossland X, le Grandland X est le second modèle à profiter du savoir-faire français. De quoi le rendre attrayant ?
Dans notre paysage automobile, un modèle français, même sans grand caractère, occupera logiquement une place importante. C'est également le cas de modèles étrangers à la plastique avantageuse. Dans le cas de l'Opel Grandland X, on se demande quelles sont les raisons de son succès. Il n'est pas français et ne propose pas non plus un design qui fait tourner les têtes. Pourtant en y regardant de plus près, le SUV allemand a une botte secrète : tout ce qui ne se voit pas provient du Peugeot 3008 et il est fabriqué en partie en France, sur les mêmes chaînes de fabrication que son cousin français. La fibre patriotique est certainement un argument important au moment de l'achat d'un nouveau véhicule, mais il ne doit pas seulement son succès à cette raison un brin subjective...
La seule originalité de cette ligne très sage : la découpe de la custode surplombée par cette ligne de chrome. Un choix de coloris bi-ton est également possible.
Son véritable atout ? Son plaisir de conduite. En utilisant la plateforme du Peugeot 3008, le Grandland X profite d'un comportement étonnant pour un crossover. Avec un roulis bien maîtrisé malgré la hauteur de la caisse, un train avant précis et un train arrière offrant suffisamment de dynamisme, l'allemand parvient à éliminer les défauts de la plupart de ses concurrents. Opel a dû légèrement assagir la tenue de route de son SUV de façon à laisser le 3008 leader de la catégorie, mais malgré quelques réglages spécifiques, le plaisir de conduite est bel et bien au rendez-vous.
Et si vous craignez pour le confort, soyez rassurés, la marque au Blitz a également effectué un travail sur les suspensions, rendant l'ensemble très confortable et même plus confortable que son équivalent français. Les élégantes jantes de 19 pouces de série sur cette finition Ultimate n'entament en rien ce bon confort. Un bon point !
L'élève a t-il dépassé le maître ? Pas tout à fait, car comme sur le Crossland X essayé ici-même il y a quelques temps, la direction manque de précision et de consistance à rythme soutenu.
Si la partie dynamique est une vraie réussite, la partie technique se devait d'être à la hauteur. Le crossover allemand récupère le bien connu moteur essence trois cylindres Puretech de Peugeot, baptisé très sobrement "Turbo" chez Opel. Avec ses 130 chevaux, les performances sont bonnes tant au niveau des accélérations que des reprises. Son acoustique a également été très travaillée, laissant simplement entendre ses vocalises métalliques à froid ou à pleine accélération.
Appelée Ecotech en boîte manuelle, cette motorisation Peugeot-Citroën prend l'appellation Turbo en automatique. Sa fiche technique est connue, tout comme ses qualités...
Sans surprise, cette motorisation est bien née et la boîte automatique à 8 rapports qui l'accompagne renforce encore son attrait. Cette BVA8 (appelée EAT8 au sein du groupe français), particulièrement bien conçue, offre des rapports globalement bien étagés. A l'heure où la recherche d'économies de carburant devient omniprésente, cette transmission évite l'écueil de proposer des rapports trop longs au détriment du plaisir de conduite.
Autre avantage, ses 8 rapports s'enchaînent facilement, de façon totalement imperceptible. Et s'il vous prend l'envie de jouer à l'apprenti pilote, cette boîte auto se montre suffisamment réactive en descendant 1 voire 2 rapports suivant la pression exercée sur l'accélérateur. On regrettera simplement l'absence d'un mode sport qui accentuerait encore le caractère joueur du moteur et permettrait de profiter des possibilités du châssis. Un mode séquentiel est cependant proposé mais sans palettes au volant.
Pour être honnête, les premiers kilomètres réalisés à froid ne laissaient pas entrevoir un si beau tableau, la faute à la boîte auto qui présentait quelques à coups désagréables, un problème qui a heureusement disparu au bout de quelques kilomètres...
Une boîte auto simple de conception mais très efficace même si elle n'offre pas de mode sport, ni de palettes derrière le volant.
Malheureusement, aussi économe soit-il sur d'autres modèles moins lourds, ce petit tri-cylindres turbocompressé ne fait pas de miracle sous le capot de l'allemand, même accompagné de cette très réussie boîte dont les 8 rapports sont censés optimiser la consommation d'essence. Si théoriquement, la consommation mixte s'élève à 5.2 L/100 km, en pratique il faut plutôt compter sur 7.5 L/100 km.
Quittons les aspects technique et dynamique pour nous intéresser à l'intérieur. Si vous êtes habitués aux derniers modèles de la marque, vous ne serez pas dépaysés. La planche de bord est fidèle à ce que l'allemand propose actuellement. C'est sobre, bien présenté, bien fini, mais l'ensemble manque un peu de fantaisie à mon goût.
Un avis un peu subjectif, certes. Ce qui l'est moins, c'est l'espace intérieur qui ravira les familles, notamment à l'arrière où la place réservée aux jambes est généreuse, tout comme la largeur aux coudes.
Si le Grandland n'a rien d'un monospace, en proposant simplement une banquette rabattable 40/60, il n'en demeure pas moins un véhicule familial. Un habitacle accueillant donc, qui n'a pas véritablement de points faibles.
Parlons des sièges ergonomiques AGR mis au point par des médecins allemands et destinés à épargner votre dos. Opel communique beaucoup sur ce point et je m'attendais à un véritable plus par rapport à d'autres modèles. En réalité, il n'en est rien. Ils présentent même une certaine fermeté au niveau des lombaires, un petit défaut heureusement bien moins présent que dans l'Opel Corsa. Un simple argument marketing ?
Pour terminer, le coffre, qui propose un volume de 514 litres, s'avère à la fois logeable et pratique, avec son aspect cubique et son plancher de coffre réglable en hauteur.
Dans cette version Ultimate, la finition la plus haute proposée, la liste d'équipements est quasi complète. Parmi les plus importants, citons l'écran tactile de 8 pouces avec GPS carte Europe, Bluetooth, reconnaissance vocale et compatibilité Apple et Androïd, les sièges en cuir électriques et ventilés, les phares à LED adaptatifs et directionnels, l'aide au stationnement, la caméra avant et de recul avec un mode 360° et le hayon mains-libres. Parmi les équipements de sécurité, dès la finition Innovation, le Grandland propose l'aide au maintien dans la trajectoire, l'alerte anticollision, le freinage automatique d'urgence et un système d'alerte anti-somnolence.
Affiché au tarif de 35 850 € dans cette version Ultimate, ce Grandland X 1.2 turbo 130 ch BVA8 est relativement cher sur le créneau des SUV compacts généralistes. A titre de comparaison, un Renault Kadjar 1.3 TCE 140 ch EDC en finition Intens se négocie à un prix plus faible (33 180 €) même s'il fait l'impasse sur quelques équipements dont dispose l'allemand.
Malgré des qualités incontestables, la boîte automatique n'apporte pas véritablement d'économies de carburant. Et comme elle demande un investissement supplémentaire de 1700 € par rapport à la boîte manuelle 6 vitesses, son intérêt est réel si vous roulez beaucoup, fréquemment en ville ou dans les embouteillages.
Quand deux véhicules partagent des bases techniques similaires, on a logiquement envie de les comparer. Depuis quelques années, Peugeot cherche à monter en gamme à travers un design innovant et dynamique, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, et des châssis affutés. Cette stratégie de différenciation semble fonctionner mais est aussi synonyme de tarifs élevés. Pourtant, à moteur et finition équivalents (finitions Allure ou Crossway avec options), le Peugeot 3008 n'est finalement plus cher que d'environ 1500 €. Après, tout est une affaire de goût : le Peugeot 3008 a pour lui un design extérieur plus marqué, un intérieur futuriste qui plaît beaucoup et une tenue de route encore plus dynamique qui se rapproche d'une berline. De son côté, le Grandland profite d'un intérieur plus qualitatif et d'un confort de suspension supérieur.
Sur ce genre de modèle, assez lourd et peu aérodynamique, le diesel n'est pas un choix à éliminer car il représente un gage d'économie non négligeable. Si l'écart de prix à la pompe entre le gazole et le sans-plomb n'est plus significatif, l'écart de consommation s'élève à environ 1.5 L en faveur de la version diesel. Sobrement appelée "Turbo D" chez Opel, ce moteur est connu puisqu'il s'agit logiquement du 1.5 BlueHDI PSA développant la puissance de 130 chevaux. Affichant des performances un peu en retrait par rapport à cette version essence de 130 ch, mais amplement suffisantes au quotidien, cette proposition diesel est 2200 € plus chère. Ainsi, elle devient intéressante si vous parcourez plus de 25 000 km par an. Une dernière différence, le diesel n'est pas pénalisé par le malus écologique alors que la version essence demande un coût supplémentaire de 55 € (selon le barème 2019).
En entrée de gamme essence (le même moteur que celui testé), le SUV allemand n'est pas déplaisant. Avec des coques de rétroviseurs couleur carrosserie et des jantes en alliage de 17 pouces, la finition Edition soigne le style et propose un niveau d'équipements suffisant rapporté au prix. Pour environ 26 000 € hors avantages, vous disposez d'une climatisation manuelle, de l'allumage automatique des feux, d'un capteur de pluie, du régulateur/limiteur de vitesse, de la reconnaissance des panneaux de signalisation et de l'avertisseur de changement de voie.
A l'issue de l'essai de ce Grandland X, on peine objectivement à lui trouver des défauts. Plaisant à conduire grâce à sa tenue de route dynamique, à son moteur agréable associé à une très bonne boîte auto, l'allemand fait partie des meilleurs sur le plan dynamique. Il offre également ce qu'on est en droit d'attendre d'une familiale. Finalement, son seul petit défaut, c'est certainement son style relativement sage, sur un segment concurrentiel où il devient difficile de se faire une place. Mais si le style ne vous rebute pas, montez dans ce crossover, vous ne serez pas déçus...
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