18 Juin 2021 " Olivier " Tags : Pratique Guide d'achat
C'est un sujet qui revient souvent dans les conversations des passionnés d'automobile : que valent les modèles premium d'entrée de gamme ? A quoi ressemblent-ils ? Ont-ils un intérêt par rapport aux modèles généralistes ? Nous allons tenter de répondre à ces questions, en toute objectivité, en nous intéressant plus particulièrement au segment très concurrentiel des compactes...
Des marques dites premium, ou haut de gamme, il y en a plusieurs, mais celles auxquelles on pense immédiatement, les meilleurs exemples, ce sont bien évidemment les trois marques allemandes emblématiques : Audi, BMW et Mercedes. Ces constructeurs se livrent une bataille incessante depuis des décennies. Le premier à avoir conçu une compacte et donc à occuper le très convoité segment C, ce fut Audi avec son modèle A3 en 1996. Très longtemps après, en 2004, Mercedes avait tenté de riposter à sa manière, en tentant de se différencier, à travers la production d'un petit monospace, le fameux classe A qui avait fait beaucoup parler de lui à cause d'un test de l'élan raté, ce qui l'avait conduit à se retrouver sur le toit devant des photographes ahuris... Un mauvais souvenir qui n'avait pas véritablement entaché sa carrière... Etonnamment, BMW fut le dernier à réagir en présentant en 2004 également sa série 1, un véhicule voulu sportif pour coller pleinement à l'image de la marque.
L'histoire a progressivement fait évoluer ces voitures historiques : Mercedes a laissé tomber le créneau du petit monospace pour fabriquer une vraie compacte, BMW a décidé d'en finir avec la propulsion pour transformer sa version la plus récente en traction. Quant à Audi, le succès a toujours été au rendez-vous pour son A3, si bien que son modèle phare a évolué subtilement à chaque nouveau millésime mais sans bouleverser le style d'origine, une pratique que l'on connaît bien outre-Rhin...
La première A3... Le best-seller d'Audi. Son design tout en muscle et en prestance y est pour beaucoup.
Les monospaces étaient à la mode au début des années 2000. Mercedes a logiquement tenté de percer sur le segment avec sa première classe A... Par sécurité, un antidérapage ESP avait été installé de série pour rassurer la clientèle.
Un profil propre à BMW, c'est incontestable. Elle souffrait d'un gros défaut : elle n'était vraiment pas spacieuse...
De nos jours, l'Audi A3 sportback (5 portes) d'entrée de gamme se négocie aux alentours de 29 000 €. Il s'agit de la version 30 TFSI, équipée d'un moteur 3-cylindres essence d'un litre de cylindrée et de 109 chevaux et dotée d'une boîte manuelle à 6 vitesses. Avec des performances très correctes (le 0 à 100 km/h est effectué en 10 secondes environ), un niveau de consommation relativement mesuré (environ 5.5 L/100 km en cycle mixte selon les normes WLTP) et un niveau de pollution de 125 g de CO2/km (zone neutre du malus), cette motorisation est tout à fait dans l'ère du temps mais ne présente pas d'avantages particuliers par rapport à des modèles compacts plus répandus qui eux aussi proposent ce type de moteurs avec globalement les mêmes caractéristiques.
En termes d'équipements, cette Audi A3 (8Y) premier prix offre principalement la climatisation automatique bi-zone, le verrouillage des portes avec système "mains libres", un tableau de bord digital de 10.25", un système anticollision des piétons, un régulateur de vitesse avec gestion de la distance.
A titre de comparaison, une Renault Mégane TCE 115 ch, en finition ZEN (la moins chère), est proposée à moins de 25 000 € avec un équipement un peu différent il est vrai : elle ne dispose que d'un simple régulateur de vitesse sans la fonction "adaptatif" et fait l'impasse sur le très moderne et réussi "Virtual Cockpit" présent sur l'allemande. Ces différences sont-elles suffisantes pour justifier un écart de prix de près de 4 000 € entre l'allemande et la française alors que leurs prestations sont au final assez proches ? Dans ce cas, le match France/Allemagne tourne clairement à l’avantage de la tricolore...
Heureusement que les jantes alu figurent dans la dotation de série. Cela permet de préserver une certaine élégance...
L'intérieur conserve un joli soupçon de modernité grâce aux deux écrans installés de série. L'ambiance reste un peu austère cependant.
La série 1 (F40) est désormais une traction. Fini le comportement joueur des premiers modèles. Sa tenue de route reste cependant dynamique mais s'éloigne un peu des standards auxquels la marque nous avait habitué par le passé. En version de base, cette série 1 reçoit un bloc essence 3-cylindres turbo doté d'une cylindrée généreuse de 1.5 litre et développant la puissance de 109 ch. Sans surprise, les accélérations sont quasi similaires à celles de l'Audi A3; les niveaux de pollution et de consommations sont cependant légèrement plus élevés.
Nous n'avons pas encore évoqué le tarif et pourtant c'est une bonne surprise : la BMW série 1 la moins chère est disponible à moins de 25 000 €, elle est ainsi presque 4 000 € moins onéreuse que la berline compacte aux 4 anneaux. Puisque la "BM" se veut sportive sur la route, à l'image d'un autre modèle français bien connu, la Peugeot 308, l'envie de les comparer vient immédiatement à l'esprit. Le tout nouveau modèle au lion qui a été récemment dévoilé, affiche un ticket d'entrée juste sous la barre des 25 000 € également. BMW est une marque premium, vous êtes sûrs ?
Par rapport à son ancêtre, cette troisième génération est plus généreuse en termes d'espace. Le style a profondément évolué.
La Classe A (W177) est devenue une grosse compacte, bien plus imposante que le précédent modèle. Avec une longueur de 4.42 m, elle affiche près de 10 cm de plus que ses deux grandes rivales. Elle ne propose pourtant pas un coffre plus grand, ni plus d'espace pour les passagers arrière. Le style a été clairement favorisé. Et à ce niveau-là, elle en impose la petite familiale à l'étoile.
En entrée de gamme, elle propose un bloc 4-cylindres de 1.3 litres de cylindrée développant la puissance de 109 ch. On retrouve ce moteur essence turbo dans la gamme Renault sous l'appellation TCE, suite à une collaboration entre les deux groupes. La consommation mixte se montre légèrement plus importante dans le cas de la Mercedes, tout comme le niveau de pollution (135 g de CO2/km), ce qui fait entrer cette motorisation dans la grille du malus écologique, avec à la clé un petit malus...
Le niveau d'équipements est sensiblement équivalent à ce que proposent la BMW série 1 et l'Audi A3, si ce n'est que la "Merco" propose dès la version la plus accessible "Style Line", un sélecteur de modes de conduite, qui permet de choisir entre un mode Sport, Confort ou Eco.
Terminons avec le prix : placée juste sous la barre des 29 000 €, cette version A160 se rapproche de l'Audi A3 en termes de tarifs. C'est clairement cher par rapport aux prestations proposées, même s'il est vrai que ce modèle d'accès conserve quelques touches de style agréables qui l'éloigne d'un modèle d'entrée de gamme classique...
L'intérieur présente bien également. Les écrans sont simplement plus petits que sur les finitions plus hautes. Pas de commande vocale ici ("hey Mercedes"), un système très évolué qui fait la réputation de cette génération de classe A.
Sauf dans le cas de la BMW série 1 qui se montre relativement accessible en version de base (c'est beaucoup moins le cas sur les versions plus huppées), l'Audi A3 et la Mercedes Classe A demandent un investissement de presque 30 000 € chacune ! Ces tarifs élevés pourraient se justifier si elles proposaient un niveau d'équipements supérieur, des motorisations plus puissantes ou efficientes, un plaisir de conduite plus poussé, que les modèles généralistes français et étrangers. Or, ce n'est clairement pas le cas. Il n'est pas certain non plus que le niveau de fiabilité des premium soit supérieur. Au moins, on peut mettre à leur crédit une qualité de finition et de fabrication souvent plus aboutie...
Si les versions d'entrée de gamme premium ne présentent pas véritablement d'avantages par rapport à leur homologues "grand public", on ne peut pas en dire autant des modèles sportifs et haut de gamme. Car il faut bien l'admettre, les trois constructeurs germaniques sont les maîtres incontestés du luxe, du raffinement et de la sportivité. Les constructeurs généralistes proposent tous des finitions hautes sur leur compactes mais difficile d'atteindre pour eux, un niveau de présentation et de qualité aussi impeccable.
Le constat est le même au niveau de la gamme sportive : les compactes sportives ont presque toutes disparu des catalogues des constructeurs, sauf chez les premiums. Et même avant que la répression écologique deviennent trop lourdes pour les marques automobiles, Audi, BMW et Mercedes ont toujours eu un avantage incontestable sur le segment des sportives grâce à leurs gammes spécifiques : R/RS pour Audi, M pour BMW et AMG pour Mercedes. Difficile de faire mieux en termes d'efficacité et de performances. La vraie légitimité des marques premium citées est ici, sur ce créneau qu'elles dominent sans difficultés...
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