1 Avril 2018 " Olivier " Tags : MPM Motors
Quand un nouveau constructeur automobile débarque sur le marché, c’est toujours un évènement. Et ça l’est encore plus lorsqu’il est d’origine française. Si vous n’avez pas encore entendu parler de MPM MOTORS, lisez ce qui suit. Et qui sait, leur unique modèle commercialisé à l’heure actuelle sera peut-être bientôt dans votre garage…
Selon le service communication de la marque, deux frères seraient à l’origine de ce projet. Le premier serait ingénieur automobile, le second serait dans le « business ». Après avoir gagné leur vie à travers la location de véhicules de luxe pour VTC, ils se seraient lancés à la recherche d’investisseurs pour concrétiser le rêve de leur père : créer une marque automobile à part entière. Difficile d’en savoir plus, officiellement ils souhaiteraient rester discrets pour ne pas faire de l’ombre à leur marque.
En fouinant un peu sur le net, on s’aperçoit que MPM correspond aux initiales de Mikhaïl Paramonov Motors. Cet homme, d’origine russe, serait donc le père des frères fondateurs. Ce serait également l’ancien patron du constructeur russe TagAz dont nous parlerons un peu plus bas.
Si la société a été créée en 2010, les premiers véhicules n’ont été produits que début 2017, juste après l’homologation officielle du premier modèle. Il a fallu plus de 6 ans à cette jeune start-up, qui a son siège dans les Yvelines, pour le développer. Il est désormais fabriqué dans l’unique usine de MPM située à Trappes.
Le credo de la marque est simple : proposer des modèles racés à moins de 13 000 €. Et si c’était le moyen de se faire une place sur un marché aussi saturé ?
A l’heure actuelle, MPM MOTORS ne propose qu’un seul modèle à la vente, la PS160 (devenue Erelis comme nous le verrons un peu plus bas). Un patronyme pas très évocateur qui aurait mérité plus de fantaisie devant les ambitions sportives de la marque ! Mais passons sur ce point. Le plus important, c’est de savoir comment un jeune constructeur a été en mesure de commercialiser une si jolie voiture pour moins de 13 000 € ? Eh bien, la réponse est simple et elle se situe en Russie. Car la PS160 est la copie quasi conforme de la TagAz Aquila, un modèle russe sortie il y a quelques années sur le marché local. Et quand on la découvre, on se dit immédiatement : « bonne nouvelle : on est loin du design d’une Lada ! ».
Il faut être honnête, l’automobile est un marché tellement concentré qu’il est difficile d’atteindre la taille critique pour exister. Alors si adapter un modèle russe à nos exigences européennes est la seule solution pour parvenir à se faire une place, pourquoi pas ! L’histoire ne dit pas combien de verres de vodka ont été bus au cours des négociations mais le jeu en valait la chandelle… Car ce coupé 4 portes (de 4.68 m de longueur pour seulement 1.38 m de hauteur) affiche des lignes sportives qui attirent immédiatement l’œil. Si on veut trouver des modèles similaires sur le marché européen, il faut aller voir du côté de l’Allemagne et en particulier chez Mercedes qui propose sa très réussie CLA. Il est difficile de dire qu’elles sont concurrentes, car cette MPM n’a malheureusement ni le standing, ni le niveau d’équipements de l’allemande. Mais elle reste bien plus belle qu’une Dacia qui se négocie au même tarif. Comme quoi on peut faire du low-cost tout en proposant un produit qui a fière allure…
Sur le plan technique, la PS160 est construite sur un châssis tubulaire sur lequel repose une carrosserie composite. Assez rare à ce niveau de gamme !
Une seule motorisation est proposée : un bon vieux quatre cylindres d’origine Mitsubishi développant la puissance de 100 chevaux. Et c’est là où la déception est grande : quand on regarde cette voiture au style très dynamique, on s’attend à disposer d’un moteur relativement puissant. Malheureusement, même avec un poids assez limité compte tenu du gabarit de l’auto (1200 kg), difficile d’affoler les chronos. Le constructeur n’avance pas de chiffres officiels mais avec une telle fiche technique, on peut tabler sur un 0 à 100 km/h réalisé en 12 à 13 secondes.
Autre grief : ce moteur d’origine japonaise, mais construit en Chine sous licence, est de conception assez ancienne et les chiffres de consommation et de pollution officiels (et très certainement optimistes) sont très moyens : 7.2 L/100 km en cycle mixte pour des rejets de CO2 de 158 g/km.
En matière de sécurité, les normes russes n’ont absolument rien à voir avec celles que l’on connaît en Europe. Ce fut alors le plus gros travail réalisé par MPM, effectuer les modifications nécessaires pour que la PS160 puissent satisfaire aux exigences de l’UTAC.
Et la tâche fut rude, en grande partie à cause de sa conception pour le moins originale pour une voiture de grande série. La plus grande partie du travail a porté sur la résistance du châssis tubulaire qui doit se déformer de façon suffisante mais tout en faisant en sorte que la cellule de survie reste intacte aux vitesses réglementaires de test.
Après des mois de travail, le pari a été remporté en décembre 2016.
La MPM PS160 se négocie au prix de base de 9500 €, un tarif particulièrement bien placé. Encore plus lorsque l’on jette un œil à l’équipement offert de série : jantes en aluminium de 18 pouces, sièges baquets sports, climatisation manuelle, rétroviseurs chauffants, radio CD MP3, vitres électriques avant et arrière. Disons que l’essentiel est présent et qu’il serait difficile d’en attendre plus d’une voiture vendue à un tel tarif…
Il a suffit de faire un tour sur le configurateur pour vérifier que malheureusement aucune option n’est disponible pour le moment. Il n’est possible d’agir que sur le style de l’auto en choisissant la couleur des jantes, des étriers de frein et de la carrosserie. La configuration la plus chère, avec notamment un coloris bi-ton, s’élève à 11 500 €, pas un euro de plus.
Pour terminer, MPM propose une garantie de 2 ans mais limitée à 60 000 km, là où la grande majorité des constructeurs n’impose pas de limite de kilométrage.
Si le tarif affiché peut faire rêver, il ne faut pas oublier que le malus 2018 peut désormais venir jouer les trouble-fête. Et dans le cas présent, son impact est considérable : un surcoût de 3660 € est à prévoir ce qui fait passer le ticket d’entrée de 9500 € à 13 160 €.
Si sur le papier, la française semble intéressante, elle n’est pas exempte de défauts. En plus de l’impact du malus qui fait fortement grimper le prix final (avant l'arrivée du nouveau moteur mentionné ci-dessous), les premiers tests ont mis en évidence des problèmes d'insonorisation moteur et une pédale de frein un peu étrange. Quelques soucis d’ajustement ont également été notés, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Les techniciens ont semble-t-il tenu compte des premiers défauts relevés afin d’apporter les améliorations nécessaires sur les futurs modèles produits.
Quant à ceux qui voudraient remplacer le Scénic familial par ce carrosse au look sportif, sachez que le coffre propose un volume correct de 380 litres. Malheureusement, c’est à l’arrière où les choses se gâtent car ce design racé a un impact direct sur la garde au toit qui demeure particulièrement réduite. Parfait pour des enfants, beaucoup moins pour des adolescents ou des adultes.
Des désagréments que Essais Autos ne manquera pas de vérifier dès que l’occasion se présentera.
Mise à jour : au moment de la rédaction de cet article, des négociations étaient en cours avec un "grand constructeur" pour la fourniture d'un moteur essence plus moderne et plus puissant. C'est désormais officiel depuis août 2018, c'est le groupe PSA qui fournira son bien connu 3 cylindres 1.2 Puretech de 130 chevaux ainsi que sa boîte manuelle à 6 rapports. Cette motorisation, qui vient pour le moment en complément du 4 cylindres Mitsubishi, devrait annuler le malus (zone neutre) mais ferait grimper le tarif final à 16 490 € (!). On est malheureusement loin du surcoût de 1000 € estimé de façon très optimiste il y a quelques mois...
Désireux de partir sur de nouvelles bases, MPM en a profité pour changer le patronyme de son unique modèle. Ne l'appelez plus PS160, désormais elle portera le nom de Erelis. Malgré cette nouvelle appellation, hormis ce nouveau moteur essence turbo, rien ne change véritablement. Un système d'infotainment Alpine est cependant annoncé dans un futur proche afin de donner un soupçon de modernité à cet intérieur et de justifier dans une moindre mesure cette hausse de tarif pour le moins fulgurante.
Une dernière chose : MPM augmente la portée de sa garantie, qui passe à 2 ans ou 200 000 km (contre 2 ans ou 60 000 km auparavant). Certes, il s'agit d'un petit effort mais pour véritablement prouver une amélioration notable de la fiabilité, un allongement de la durée de couverture à 3 ans (par exemple) aurait plus marqué les esprits...
Selon le responsable de la communication de la marque, la Erelis ne devrait pas rester très longtemps seule au sein de la gamme.
Dans les deux années à venir, deux SUV devraient voir le jour, un urbain et un baroudeur toujours Made in France bien sûr. Le tarif du second serait proche des 20 000 € (on s’éloigne un peu du plafond de 13 000 € fixé à l’origine…). Evidemment, ce serait toujours dans le respect des critères de la marque : design agressif, châssis tubulaire, carrosserie composite…
Un troisième projet serait également en cours : une citadine électrique dont le prix de vente serait approximativement de 10 000 €, batteries incluses.
Je ne manquerai pas de suivre tout ça de très près !
Il est difficile de dire si cette aventure particulièrement audacieuse mais passionnante sera viable à long terme. La production a débuté il y a à peine un an et même si les clients semblent répondre présents, les investissements particulièrement lourds qui ont dû être réalisés, vont demander de nombreuses années avant d’être amortis. Cependant, l’actionnariat a l’air assez solide et les ambitions sont bien réelles. Se lancer dans ce genre d’aventure est rarement une sinécure et évidemment, on leur souhaite plein de réussite !
Un grand merci à la marque pour les nombreuses photos et vidéos ainsi que les renseignements fournis.
MISE A JOUR : A la fin du mois de novembre 2020, MPM MOTORS a annoncé la fin de son activité suite à sa mise en liquidation judiciaire. La marque souffrait depuis plusieurs mois et avait demandé son placement en redressement judiciaire de façon à pouvoir mettre en place un échéancier de règlement de ses dettes et ainsi être en mesure de respirer financièrement. Malheureusement, cette mesure n'a pas été suffisante. C'est donc la fin pour cette marque française qui n'aura pas pu mener à terme ses nombreux projets...
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