11 Novembre 2023 " Olivier " Tags : Rover Histoire
Rover fait partie des marques emblématiques malheureusement disparues. Sa position haut de gamme l'a amenée à commercialiser une compacte équipée d'un moteur V6, ce qui est assez rare sur ce segment. L'occasion d'évoquer en détail ce modèle original et très attirant : la Rover 45 V6.
Tout a démarré dès l'année 1991 lorsque le bureau d'études de Rover réfléchit au remplacement des séries 200 et 400. L'idée est de développer un modèle plus haut de gamme et plus spacieux.
Dans l'histoire de Rover, sujet que nous avons déjà abordé dans un précédent article que vous pouvez retrouver ici-même, Honda a occupé une place centrale dès les années 70. Un partenaire majeur sans qui la marque anglaise n'aurait certainement pas pu vivre étant donné ses problèmes financiers relativement fréquents. A cette période, le japonais a justement un modèle en cours de développement, la Domani. Les dirigeants de Rover ne sont pas tout à fait convaincus par son design mais étant donné la situation financière de l'époque, la décision est prise : la Domani servira de base technique à la nouvelle série 400.
On le sait peu, mais c'est elle qui a servi de base à la compacte Rover, laquelle a connu une longue carrière de presque 10 ans.
Le designer Richard Wolley décide de la modifier pour l'adapter au style et aux coutumes de la marque. Malheureusement, les modifications entreprises par le britannique demandent beaucoup de temps, d'autant plus que BMW arrive à la tête de la marque au drakkar en 1994.
Ainsi, si la Honda Domani sort en novembre 1992, la Rover 400 ne sort qu'en mars 1995 en version 5 portes dans un premier temps.
L'intérieur est dans le plus pure style Rover, avec des matériaux chaleureux et l'inimitable ronce de noyer.
Au final, ce sont plus de deux ans qui se sont écoulés, un gouffre dans le monde de l'automobile qui est en constante évolution.
Honda, qui s'est séparée de Rover suite à la prise de contrôle de l'anglais par BMW, se décide à commercialiser sa Civic sur le marché européen, qui ressemble fortement à la série 400. Un coup d'épée dans le dos qui a participé aux passables scores de ventes du modèle anglais, lequel a souffert également de prix de vente jugés trop élevés lors de sa sortie.
En avril 1996, une version 4 portes à coffre est présentée. Plus longue de 18 cm (4.49 m contre 4.31 m), elle apparaît mieux proportionnée que la 5-portes.
Le design de la version à coffre semble plus abouti, un peu plus dans le style "berline bourgeoise".
En 1999, suite à la sortie de la Rover 75, cette élégante berline conçue sous l'ère BMW, la 400 adopte la face avant de sa grande soeur et reprend également le nouveau système de numérotation.
La petite 200 devient 25 et la 400 devient 45. Les quatre projecteurs, le nouveau capot, les pare-chocs redessinés et l'apport de touches de chromes supplémentaires améliorent nettement le look de la compacte british. Il était temps ! En France, ces modifications stylistiques ne sont apparues qu'à partir de février 2000.
C'est aussi à cette période que la clientèle a vu apparaître une inédite version à moteur V6, dont nous parlerons un peu plus tard...
Le premier restylage a eu du bon, la familiale Rover désormais baptisée 45, retrouve une certaine prestance. Ici , une version V6 qui arbore un style dynamique mais sans excès pour ne pas faire d'ombre aux déclinaisons MG, les vraies sportives de la gamme.
Enfin, en mai 2004, la 45 est une dernière fois restylée, quelques mois avant la disparition de la marque. Elle arbore ainsi une nouvelle calandre et de nouveaux phares réunis sous une glace unique lisse. Son intérieur est également revu mais sans les derniers équipements technologiques à la mode...
De nouveaux coloris, une nouvelle calandre, de nouvelles jantes, des optiques retravaillés, l'esthétique change mais pas le reste. Le contenu technologique manque.
La vraie ronce de noyer disparaît pour être remplacée par une imitation en véritable... plastique. Dommage !
Installer un bloc à 6-cylindres sous le capot d'une compacte, cela s'est déjà vu, mais ce n'est pas un événement très fréquent. Rover a eu le mérite de tenter l'expérience, la marque souhaitant notamment asseoir son image haut de gamme. Soyons honnête, avec une puissance de 150 ch, une cylindrée de 2 litres, ses performances n'ont rien d'exceptionnelles. Avec un 0 à 100 km/h réalisé en 10.2 secondes, elle fait même un peu moins bien que le 4-cylindres 2 L série T de 136 ch qu'il remplace. Rien d'étonnant quand on regarde la fiche technique, puisque la version 6-cylindres fait augmenter le poids de l'auto de quelques dizaines de kilos. Le moteur n'est pas le seul responsable, l'ajout de la boîte automatique à 5 rapports Steptronic explique aussi cet embonpoint.
Mais le plaisir n'est pas toujours dans les chiffres. Ce K V6 "maison" offre ce qu'il faut d'onctuosité et de mélodie pour plaire aux amateurs de belles anglaises d'antan. Difficile d'obtenir le même agrément avec un plus modeste bloc à 4-cylindres...
La presse de l'époque vante le travail effectué au niveau de l'échappement, procurant à la belle anglaise un son rauque assez envoûtant. La boîte auto apporte une douceur agréable, mais ne parvient pas à faire preuve d'autant de réactivité que les plus récentes boîtes concurrentes. Le châssis, assez neutre, et surtout les suspensions assez souples, rendent la conduite peu dynamique. Vous l'aurez compris, cette voiture, aussi plaisante soit-elle, n'aime pas être malmenée, elle n'est pas faite pour cela.
Mais quand même, qui pouvait se vanter de proposer une auto équipée d'un V6 à moins de 150 000 francs au début des années 2000 ?
Soyons honnête, il va être difficile de dénicher une telle version sur le marché de l'occasion de nos jours. Seulement 95 Rover 45 2.0 V6 ont été vendues dans l'hexagone jusqu'en 2005. Sans surprise, à l'heure où nous rédigeons cet article, après quelques heures de recherche, il n'y en a aucune à vendre !
Si par bonheur, un joli exemplaire faisait son apparition, sachez que les prix restent très raisonnables, la cote du modèle restant faible. Quant aux pièces détachées, c'est peut-être à ce niveau-là que les choses peuvent se gâter. Les pièces liées au moteur risquent d'être compliquées à trouver, même si ce bloc essence a également été proposé sur la berline 75. Il existe encore quelques débouchés en Angleterre, sa terre natale. Concernant les autres pièces, la 45 ayant eu un petit succès chez nous, les casses disposent encore d'un petit stock.
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