2 Mars 2021 " Olivier " Tags : Histoire Rover
De nombreuses marques automobiles mythiques ont disparu ces dernières décennies suite à la concentration constante et inévitable du monde automobile. Facel-Vega, Austin, Triumph, Talbot, Simca, Matra, Saab et bien d'autres marques ont malheureusement connu ce triste sort. Rover n'a pas été épargnée non plus en laissant derrière elle un patrimoine automobile riche de plus de 100 ans d'histoire. Grâce à cet article, nous allons retracer les grandes heures de la célèbre marque anglaise à travers ses plus beaux modèles.
Si on devait présenter la marque Rover à un parfait novice en automobile, on pourrait le faire de cette façon : Rover était une marque qui symbolisait le luxe, mais pas à la manière de Jaguar, de façon beaucoup moins ostentatoire. Là, on ne parle bien entendu que de la présentation. Car pour certains, Rover représentait surtout le côté négatif de l'industrie automobile anglaise à cause principalement de quelques problèmes de fiabilité et de finition. En fait, Rover, c'était un mélange de tout ça, des voitures élégantes et confortables, dotées d'un charme inimitable mais qui souffraient de quelques défauts. Mais ce sont souvent ces voitures qui laissent une trace indélébile dans le coeur de leurs fans...
Née en 1904, cette Rover 8 HP (8 Horse Power pour 8 chevaux) fut le tout premier modèle fabriqué par la marque anglaise. En réalité, 20 ans plus tôt, en 1884, les créateurs de cette petite entreprise britannique, John K. Starley et William Sutton, s'étaient dans un premier temps lancés dans la production de cycles.
Mais savez-vous d'où vient ce nom Rover ? Evidemment, cela vient de la langue de Shakespeare. Le verbe "to rove" signifie "sillonner" en français. Une façon de proposer aux futurs clients des produits destinés à sillonner les routes, avec confort et élégance bien sûr.
Pour en revenir à cette 8 HP, cette voiture, sortie 4 ans avant la célèbre Ford T, était motorisée par un moteur monocylindre refroidi par eau de 1.3 litre de cylindrée et qui développait, comme son nom l'indique, 8 chevaux. Evidemment, les performances étaient modestes mais ce premier modèle permettait à Rover d'entrer dans le monde très fermé (à l'époque) des constructeurs automobiles.
Fort du succès rencontré par son premier modèle, la marque anglaise se décida, en 1905, à commercialiser un modèle beaucoup moins cher à seulement 2 places. Celui-ci fut baptisé 6 HP et sortit avec une motorisation de seulement 780 cm3.
La véritable évolution au cours de cette 1905, ce fut la sortie du modèle 16/20, équipé d'un 4-cylindres de 3.1 litres développant la puissance modeste de 20 chevaux. Dotée d'un châssis allongé provenant de la 6 HP évoquée précédemment, cette voiture était avant tout destinée à promouvoir l'image de la marque en compétition.
Pas vraiment un look de sportive, mais pourtant au début des années 1900, elle remporta quelques courses prestigieuses.
Les premières voitures toutes marques confondues ne proposaient pas de capote et encore moins de toit. La 12 HP fut le tout premier modèle à s'équiper d'un toit en dur en 1911. C'est aussi à cette période que Rover se lança dans la standardisation, à l'image de Ford. Avec son moteur de 1882 cm3 et ses 11 ch, les performances n'avaient rien de transcendantes, d'autant plus que cette carrosserie intégrale avait pour conséquence une augmentation non négligeable du poids.
La première guerre mondiale marqua un coup d'arrêt dans la production automobile, d'autant plus que durant cette période, l'entreprise fut réquisitionnée pour produire des engins militaires.
En 1919, la production de la 12 HP reprit. Un second modèle vit le jour : la 8 HP nouvelle génération. Ce tout nouveau modèle n'avait rien à voir avec le modèle historique conçu par la marque de Coventry (son fief historique, remplacé en 1945 par celui de Solihull) en 1904. Ici, on avait affaire à des lignes beaucoup plus fluides et modernes et à une double version berline/cabriolet.
Ce fut notamment cette Rover 8 Hp bis qui permit à Rover de connaître une importante croissance après la guerre.
Après trois années particulièrement florissantes pour la marque anglaise, ce fut en 1923 que cette dernière commença à connaître des difficultés. Outre des problèmes de direction, la marque n'avait pas vu venir la concurrence et notamment celle de Austin. Pour tenter de surmonter ses problèmes financiers, la société commercialisa la 14/45 dotée d'un moteur à 4-cylindres de 2.1 litres de cylindrée et développant (logiquement) 14 chevaux. Plutôt bien conçue, cette voiture entrait malheureusement en concurrence avec le modèle équivalent chez la marque Morris qui lui, proposait une puissance supérieure. C'est dans ce contexte que Rover fit évoluer son moteur pour le passer à 16 ch et en profita pour le baptiser 16/50 en 1925.
Une vraie berline haut de gamme qui dut évoluer rapidement pour espérer faire de l'ombre à la concurrence.
Malgré des problèmes financiers toujours présents, l'année 1930 marqua l'arrivée d'un tout nouveau produit : la Meteor 20. Il s'agissait du modèle le plus puissant produit par la marque jusqu'alors, avec son gros 6 cylindres de 2565 cm3 de 19.3 chevaux. Outre sa puissance et sa motorisation mélodieuse, cette new Rover était avant tout un très beau cabriolet.
Malgré des bilans comptables toujours peu brillants voire inquiétants, en 1933 fut commercialisé un élégant coupé surnommé Hastings. Ce véhicule était censé surfer sur les récents succès de la marque en compétition...
Pour tenter de remettre sur pied Rover, les frères Wilks, Spencer et Maurice, fut désignés pour prendre la tête de la firme en 1933. Ils décidèrent de proposer une jolie berline dérivée du coupé Hastings. Particulièrement réussi, le style de cette routière nommée "Speed 14" n'était pas sans rappeler celui de certaines Rolls-Royce. Un joli coup de crayon qui permit à Rover de sortir la tête de l'eau...
Le coupé fut déjà un petit succès, la berline permit à Rover de retrouver le chemin des bénéfices après quelques années difficiles...
Conscients qu'ils avaient trouvé le design qui plaisait à la clientèle, les frères Wilks, toujours à la tête de l'entreprise, eurent l'idée de commercialiser un modèle dérivé de celui de la 14 Hastings en 1935. En réalité, l'évolution en termes de design était particulièrement marquée puisque cette Rover "Speed Fourteen Streamline" offrait des lignes particulièrement aérodynamiques et originales pour l'époque. De quoi se différencier d'une concurrence toujours plus importante...
Particulièrement aérodynamique, cette "Streamline four-door coupe" comme indiquaient les publicités de l'époque, marqua véritablement les esprits.
Comme pour la première, la seconde guerre mondiale eut comme conséquence l'interruption de la production des modèles conçus avant-guerre pour permettre la fabrication d'équipements militaires.
A la fin des hostilités en 1945, la marque relança ses produits. Pendant trois ans, la marque ne proposa quasiment pas de nouveautés. Il fallut attendre 1948 pour voir apparaître une véritable actualité : la naissance de Land Rover. Souhaitant surfer sur le succès rencontré par la fameuse Jeep Willis qui connut ses heures de gloire pendant la guerre, Rover souhaitait dans un premier temps que son Land Rover soit utilisé en tant que véhicule utilitaire dans les campagnes. La marque était certainement loin de s'imaginer le succès qu'allait rencontrer ce type de véhicule dans un futur plus ou moins proche... Ainsi, constatant avec plaisir les ventes exponentielles de son modèle anglais, la marque qui avait dans un premier temps quelques difficultés à faire face à la demande, lança en 1953 une version fermée, baptisée "Station Wagon" en complément du modèle historique intégralement ouvert. Une version à 5 portes fut également proposée. Ce 4x4 à la notoriété internationale fut également le premier modèle Rover à recevoir une motorisation diesel.
La Jeep Willis était son inspiratrice, le succès de l'anglais fut tout aussi spectaculaire. Un vrai franchisseur !
L'année 1949 marqua un vrai changement. La Rover P4 "Seventy-Five" (pour 75 chevaux, une moins connue version "sixty" fut proposée par la suite), fut présentée au salon de l'automobile de Londres et témoignait alors d'un véritable tournant dans le style maison. Cette P4 arborait des lignes beaucoup plus fluides que par le passé et affichait même un véritable modernisme par rapport à ce que la concurrence proposait jusque-là. Un seul moteur fut proposé au lancement : un V6 de 2.1 litres de cylindrée doté d'une puissance de 75 chevaux. Cette cavalerie pouvait sembler confortable pour l'époque mais cette berline longue de 4.52 m affichait un poids à vide plutôt conséquent, de l'ordre de 1451 kg. De quoi réaliser le 0 à 100 km/h en 24 secondes...
Cette voiture se montrait innovante en adoptant un système de roues indépendantes qui avait pour but d'améliorer le confort des passagers.
Celle que l'on qualifiait de cyclope à cause de son optique central, fut restylée en 1952 et en profita pour perdre cet artifice qui faisait sa personnalité mais qui déplaisait à une partie de la clientèle...
C'est grâce à cette P4 et au Land Rover, les deux seuls modèles proposés à cette période, que Rover connut un record de ventes dans les années 50.
Il s'agit ici d'une version restylée de la P4. Le tout premier modèle était équipé d'un phare central jugé disgracieux. C'était une façon de rendre encore plus original un modèle qui affichait déjà une vraie modernité...
C'est en 1958 que sortit un tout nouveau modèle haut de gamme, baptisé logiquement P5, car situé au dessus de la P4 dans la hiérarchie de la gamme. Cette berline particulièrement élégante, longue de 4.73 m, s'équipait d'un généreux V6 essence de 2995 cm3 (soit 3 litres, d'où son surnom) fort d'une puissance de 115 ch. L'intérieur qui se voulait très complet pour l'époque, était habilement décoré de ronce de noyer, la marque de fabrique de Rover.
D'abord proposée en berline, cette P5 fut également commercialisée sous la forme d'un très beau coupé à 4 portes à partir de 1962. Ce fut en 1973 que ces deux configurations terminèrent leur carrière avec une certaine réussite.
Les berlines-coupés sont devenues fréquentes de nos jours. Rover eut cette idée dès le début des années 60. L'une des plus belles Rover anciennes, un modèle rare à collectionner.
L'intérieur de la P5 respirait le luxe. Petite particularité de la version coupé : elle n'offrait que 2 places à l'arrière.
Alors que la P4, sortie en 1949 commençait à se faire vieille et peinait à trouver preneur, le constructeur au drakkar réagit en lançant en 1963 la P6. Finies les lignes très arrondies du modèle précédent, le nouveau venu affiche des lignes plus tendues, un peu en avance sur son temps puisque ce fut la tendance stylistique dans les années 70. Elle se dotait d'un 4-cylindres en ligne à la fiche technique inédite développant la puissance de 99 chevaux pour un poids très contenu de 1255 kg. Avec des accélérations enfin correctes (le 0 à 100 km/h était réalisé en 15 s environ), la belle pouvait affronter la route avec une certaine sérénité. La P6 fut élue plus belle voiture européenne de l'année en 1964, lors de la première élection du genre.
Peut-être pas la plus belle Rover produite, mais elle rencontra malgré tout le succès car elle correspondait aux attentes de la clientèle des années 60-70.
Le Land Rover fut un succès, c'est incontestable. Alors, Rover eut l'idée de commercialiser un nouveau modèle de tout-terrain, mais pour un usage plus familial cette fois-ci. C'est ainsi que le Range Rover pointa le bout de son pare-chocs en 1970. Ce dernier était équipé d'un "gros" V8 3.5 L d'origine Buick de 130 ch. En proposant l'espace d'un break et les capacités d'un véritable franchisseur, le premier "Range" avait toutes les caractéristiques de ce qu'on appelle aujourd'hui, les SUV (Sport Utility Vehicule).
En 1978, Land Rover qui comprenait 2 modèles, le Land Rover originelle et le Range Rover, prit officiellement son indépendance vis-à-vis de Rover à travers la création d'une nouvelle société : Land Rover Limited. Une séparation qui eut des conséquences quelques années plus tard...
En 1976, le monde avait déjà connu une première crise pétrolière, laissant de nombreux constructeurs automobiles en difficulté. Quelques années auparavant, Rover fut "intégré" à un énorme groupe, British Leyland, sans que cela n'apporte les synergies attendues. Face aux difficultés rencontrées, le groupe fut même nationalisé par l'Etat britannique. C'est dans ce contexte particulièrement difficile que Rover sortit, en 1976, la SD1. Cette berline, affichant des dimensions imposantes (longueur de 4.70 m, largeur de 1.99 m), bénéficiait malgré tout d'une ligne étonnamment aérodynamique. Voulue haut de gamme, cette SD1 fut immédiatement commercialisée avec une motorisation V8 développant 155 ch. Compte tenu d'un poids de seulement 1300 kg à vide, cette berline se montrait sportive en abattant le 0 à 100 km/h en 9 secondes environ. Des moteurs V6 essence furent également proposés l'année suivante.
Cette routière avait deux signes distinctifs : elle proposait un hayon, ce que peu de concurrentes proposaient alors, et elle fut la première Rover équipée de l'allumage électronique.
En 1977, elle fut élue voiture européenne de l'année, comme ce fut le cas quelques années plus tôt pour la P6 qu'elle mit d'ailleurs à la retraite.
Petite faute de goût au lancement : la SD1 ne proposait pas les traditionnelles boiseries ni le cuir. Un défaut corrigé par la suite...
La SD1 3500 Vitesse, facilement reconnaissable, proposait un V8 maison et 190 chevaux. De quoi franchir les 100 km/h en 7.5 secondes ! Mais pour accéder à de telles accélérations, il valait mieux oublier la lente boîte automatique à 3 rapports qui ne fut d'ailleurs proposée que quelques mois...
Alors que British Leyland (la maison-mère de Rover qui détenait en autres Austin, Triumph, etc...) signa un accord avec le constructeur japonais Honda en 1979, ce ne fut qu'au début des années 1980 que les conséquences sur la gamme Rover Europe se firent réellement sentir. Ainsi, une série 200 fit son apparition en 1984 : le "2" était là pour représenter la taille du modèle dans la gamme et les deux derniers chiffres faisaient référence à la cylindrée du moteur. Entièrement développée par Honda, ce nouveau modèle en avait d'ailleurs le style très japonais, même si l'anglais effectuait ses traditionnelles modifications stylistiques (calandre, chrome, ronce de noyer, etc...) pour lui donner un style spécifique. Grâce à un poids plume (860 kg à vide) et équipée d'un vaillant 4-cylindres Honda de 73 ch avec carburateur double corps, la petite 213 (pour 1.3 de cylindrée) était en mesure de réaliser l'exercice du 0 à 100 km/h en 12.6 s ! D'autres motorisations plus puissantes et d'origine anglaise virent le jour par la suite...
Parfois décriée, la collaboration avec Honda fut bénéfique voire indispensable pour Rover. Les détracteurs avaient surnommé cette première série 200, "Ronda", mix de Rover et Honda.
En 1986, la SD1 fêtait ses 10 ans de carrière et il était temps de la remplacer, d'autant plus qu'elle n'avait pas tout à fait rencontré le succès escompté malgré un style plutôt novateur. C'est avec l'objectif de faire encore mieux, que Rover sortit cette même année la série 800. On assistait alors à une rupture totale de style, ce nouveau modèle adoptant des lignes carrées et une carrosserie à trois volumes comme les P5 et P6. Les ressemblances avec ses illustres ancêtres s'arrêtaient là car même si ce modèle avait été principalement dessiné par le groupe anglais, les influences japonaises étaient réelles car le partenaire Honda avait également commercialisé ce modèle sous sa propre marque (sous l'appellation "Legend").
Avec deux moteurs essence proposés à son lancement, la 800 se déclinait en 820i avec un inédit 4-cylindres maison de 2.0 L de cylindrée et 140 ch, et en 825i Sterling avec un 6 cylindres en V conçu par Honda de 2.5 L et 173 ch. Ce V6 était capable de propulser le haut de gamme anglo-japonais à plus de 210 km/h et lui permettait également de réaliser l'exercice du 0 à 100 km/h en 8.3 s.
Comme sur la SD1, une version diesel d'une puissance de 118 ch, fournie par VM Motori, fut disponible par la suite.
Après l'erreur faite au lancement de la SD1, Rover proposa dès le lancement de la 800 une présentation digne d'un modèle haut de gamme.
Une version fastback à hayon fut également proposée à partir de 1988, rappelant un peu le style de la SD1 avec un peu plus de sagesse. Ici, une fastback restylée.
En 1988, Rover fut privatisé et ce fut la société British Aerospace, un groupe aéronautique, qui se porta acquéreur alors que des constructeurs automobiles étaient également en pourparlers avec le gouvernement anglais. Malgré cette transaction, la collaboration avec le groupe japonais continua et cette nouvelle génération de Rover Série 200/Honda Concerto fit son apparition en 1989.
Bien connue du grand public, cette seconde génération de "200" fit les beaux jours du constructeur britannique jusqu'à l'arrêt de sa commercialisation en 1995 (1998 pour les versions coupé, cabriolet et Tourer). Avec presque 1 million de véhicules vendus, cela reste le plus gros succès commercial de la marque. Pour l'anecdote, cette compacte échappa de peu au titre de voiture de l'année, le première place du podium fut donnée à la Citroën XM en 1989.
En 1990, une version "sedan" à 4 portes, baptisée série 400, fut proposée sur la base de cette 200.
Outre les traditionnelles motorisations essence Rover, à partir de 1991, les séries 200 et 400 furent équipées de diesel et turbo-diesel fabriqués par le groupe PSA (Peugeot-Citroën). En l'occurrence, il s'agissait du bloc atmosphérique 1.9 XUD9 de 69 ch et du 1.8 TD (1769 cm3) XUD7 de 88 ch, lequel proposait un couple de 180 Nm à 2000 tr/min et offrait à la compacte anglaise une certaine polyvalence. En se fournissant auprès du groupe français, grand spécialiste du diesel à cette époque, Rover profitait de motorisations réputées fiables.
C'est grâce à ce modèle phare que Rover se mit à produire un vrai modèle nerveux, baptisé sans complexe GTI. Avec ses 130 ch et son poids contenu de 1150 kg en 3 portes, la 216 GTI était capable de rivaliser, sur le papier au moins, avec les VW Golf et Peugeot 309 GTI.
Comme si cela n'était pas suffisant, un véritable coupé vit également le jour, et fut proposée dans une version "220 coupé turbo" forte d'une puissance de 200 ch. Au programme : une vitesse de pointe fixée à 240 km/h et un 0 à 100 km/h réalisé en 6.3 secondes !
Enfin, une très réussie version cabriolet fut également proposée, tout comme une rare version break.
La planche de bord respecte les codes de la marque malgré quelques touches japonaises par endroit (lève-vitres, etc...).
Restylée en 1992, la série 200 modernisa clairement sa face avant. Ce modèle fut très répandu en 218 sde (diesel) et sd turbo (turbo-diesel).
Vous prenez une série 200, vous lui ajoutez une malle et vous obtenez une série 400. Une version moins diffusée chez nous.
La concurrence proposait des GTI et Rover se dit : "et si on se lançait à notre tour" ? Une GTI 5 portes fut également lancée mais il est peu probable que vous en ayez déjà croisé une.
En 1990, la célèbre marque au drakkar constata un vide au sein de sa gamme. En effet, le projet de citadine n'avait pas abouti en interne et le partenaire Honda ne disposait pas à cette époque de modèles analogues. C'est dans ce contexte que le groupe britannique se décida à rebadger un modèle déjà présent au sein d'une marque du même groupe : Austin. Ainsi, ce fut la bien connue Austin Metro, sortie en 1980, qui subit une grosse mise à jour stylistique et technique pour être vendue à l'export sous l'appellation "série 100".
Cette citadine fut également proposée en deux variantes très sympathiques : une très rare version 114 GTI de 95 chevaux en 1991 et une version cabriolet en 1994, très réussie sur le plan esthétique.
En 1997, suite à des résultats au crash-test Euro NCAP désastreux, la marque cessa définitivement sa production.
Même dans cette version haut de gamme, le design intérieur de la série 100 avait des difficultés à cacher sa date de conception.
Autre bonne idée : la bombinette siglée GTI. Un sigle qui fut abandonné pour être remplacé par "MG" au début des années 2000.
En 1991, Rover eut la bonne idée de refaire vivre un mythe : la Mini. Née sous la marque Morris en 1959, la petite puce anglaise améliora son physique et retrouva le sex-appeal qu'elle avait perdu au fil des années. Avec son petit 4-cylindres 1.3 de 63 chevaux en Cooper et son poids plume (environ 650 kg), elle bénéficiait de performances très honorables avec notamment un 0 à 100 km/h réalisé en 11.5 s.
Dans les années 1990, le constructeur britannique était clairement dans une bonne dynamique. Et c'est souvent dans un contexte aussi favorable que l'on peut se permettre la production de modèles alternatifs, à faible diffusion, mais vecteur d'image. Ainsi, ce fut en 1992 que sortit ce très élégant coupé série 800. Uniquement disponible en version 827 SC avec un V6 2.7 L Honda de 169 ch, cette 3 portes se fait rare de nos jours sur le marché de l'occasion.
En 1993, toujours désireuse de compléter sa gamme déjà bien fournie, la marque sortit la série 600, une élégante berline 4 portes comme elle savait en dessiner et en fabriquer. Inutile de préciser que ce modèle était également proposé, avec un style un peu différent, dans la gamme Honda sous l'appellation Accord. Au-delà de ses qualités de présentation, avec notamment les classiques mais toujours aussi élégantes incrustations en véritable ronce de noyer et une calandre chromée néo-rétro qui rendait les modèles de la marque si reconnaissables, la Rover série 600 était saluée pour la richesse de ses équipements.
L'année suivante, en 1994, British Aerospace, qui connaissait alors de grosses difficultés financières, décida de vendre Rover et ce fut finalement l'allemand BMW qui prit le contrôle de l'anglais.
Des placages en véritable ronce de noyer, un intérieur clair, Rover proposait souvent ce type de combinaison sur ses modèles.
En 1995, la série 200 II prit sa retraite pour laisser place à une troisième génération. Rover en profita pour commercialiser en même temps une véritable série 400 dotée de son propre style, contrairement à la précédente génération qui n'était qu'une 200 allongée...
Cependant, ces deux modèles présentaient une différence de taille : si la série 400 n'était qu'une Honda Civic rebadgée et légèrement modifiée esthétiquement, la série 200 était une conception 100 % maison. Ceci dit, pour des raisons de coût, cette citadine polyvalente utilisait la plateforme de la génération précédente, pas vraiment réputée pour ses qualités dynamiques.
En essence, Les biens connus moteurs série K 1.4 L (75 et 103 ch) et 1.6 L (111 ch) prenaient place sous les capots de ces deux nouveaux modèles alors qu'en diesel, la marque anglaise faisait appel à Perkins pour la conception d'un turbo-diesel de 2 litres de cylindrée et 105 ch (dégonflé à 86 ch sur la proposition diesel d'entrée de gamme).
Malheureusement ces deux modèles ne connurent pas le succès attendu à cause de leurs styles jugés trop fades et de leurs prix de vente trop élevés. En 1997, les conséquences financières commencèrent à se faire sentir...
La transformation de ces séries 200/400 en 25/45 suite à un léger restylage n'eut aucun impact sur leurs ventes.
La série 400 était disponible en 4 ou 5 portes, mais pas en break. C'est le modèle 420 SDI (TDI) qui fonctionna le mieux en France.
Pas vraiment une citadine, pas vraiment une compacte, le positionnement de la 200 était un peu ambigu.
1999 fut une année particulière pour Rover et BMW, sa maison-mère. En effet, ce fut l'année de lancement de la Rover 75, dernière Rover produite avant la liquidation judiciaire de la société et unique modèle fabriqué sous le "règne" de BMW. Cette grande berline affichait un design néo-rétro assumé, rappelant le passé de la marque. Si l'accueil de la presse et des clients fut positif, malheureusement les ventes ne furent pas aussi bonnes que prévu, en raison de la situation financière difficile de la marque que BMW ne cherchait pas particulièrement à cacher. Au lancement, quatre moteurs étaient proposés : un 4-cylindres 1.8 L de 120 ch ainsi que deux V6 de 150 et 177 ch. En diesel, ce fut le réputé bloc 2.0 L à rampe commune d'injection qui faisait le bonheur de la BMW série 3, qui fut installé sous le capot de la jolie anglaise. Ce dernier vit sa puissance diminuer (dans un premier temps) de 130 à 116 ch : la puissance pour la BMW, le confort pour la Rover.
En 2000, BMW décida de céder Rover, ne parvenant pas à remettre la marque à flot. Si Land Rover Limited parvint à trouver facilement preneur, Rover n'intéressait pas grand monde. Ce fut finalement un groupe financier, Phoenix Venture, qui acheta la société pour la somme symbolique de 10 livres sterling.
Bien avant cette transaction, un break 75 avait été imaginé et ce dernier sortit en 2001. Joliment dessiné, tout comme la berline, ce dernier n'affichait cependant pas un volume de chargement suffisant par rapport à la concurrence.
Avec la 75, Rover souhaitait faire un clin d'œil au passé et en particulier aux modèles P5 et P6. Un mélange de charme anglais et de technologie allemande, la mayonnaise aurait dû prendre. Ses qualités étaient indéniables.
Style néo-rétro également assumé à l'intérieur avec ronce de noyer sur toute la planche de bord (remplacée malheureusement par une simple imitation par la suite).
En 2004, Rover proposa un gros V8 d'origine Ford de 4.6 L de cylindrée et 260 ch. Un moteur qui fut également repris par la déclinaison sportive de la 75, la MG ZT 260.
En réalité, la Rover 75 n'est pas le dernier modèle commercialisé par la marque. C'est la CityRover, une citadine basée sur un modèle indien, la Tata Indica, qui représenta une dernière fois la marque en 2003. Equipée d'une motorisation essence d'origine PSA, le bien connu TU3 1.4 L de 75 ch, ce modèle à la présentation et à la conception low-cost, peinait à cacher ses origines et ne correspondait en rien aux productions raffinées auxquelles la marque nous avait habitués. Nous avons hésité à évoquer ce modèle, préférant rester sur le bon souvenir de la 75...
On le sait peu, mais Rover eut une petite notoriété dans le monde du sport automobile. Dès 1907, la marque remporta le Tourist Trophy de l'île de Man grâce à la 16/20. En 1965, Rover s'attaqua au rallye de Monte-Carlo pour promouvoir sa 2000 (P6). En 1965, elle décida de courir les 24 heures du Mans, une aventure déjà tentée en 1963, avec dans les deux cas, un moteur à turbine à gaz.
Car dès l'année 1945, la marque se lança dans la conception de ce type de motorisation destinée à remplacer le plus classique moteur à combustion. Après quelques années de test, un modèle bridé à 100 ch (pour 230 ch potentiellement) à 55 000 tr/min (!) et conçu sur la base d'un modèle P4 sans toit, fut présenté à la presse en 1950. Malheureusement, cette technologie avant-gardiste fut tout simplement abandonnée au début des années 60 à cause principalement du coût de production bien trop élevé, mais également des contraintes de température et de consommations.
Autre fait peu connu : Rover tenta à plusieurs reprises de percer sur le marché américain. En 1960, d'abord, grâce à la très réussie P5, puis à travers la P6 à moteur V8 (modèle 3500) et enfin en 1987 grâce à la série 800. Malheureusement, le succès n'a jamais été au rendez-vous sur un marché très exigeant...
Acheter une Rover, c'est avant tout un acte que l'on fait par coup de cœur, tout simplement parce que l'on aime cette marque emblématique. La liste de Rover encore en circulation se réduit d'année en année... On croise encore quelques Rover série 200/25, 400/45 et 75. Il existe cependant quelques modèles en bon état qui peuvent tout à fait correspondre à votre recherche. Sur le marché de l'occasion, les versions diesel présentent souvent des kilométrages élevés mais les motorisations produites par Peugeot puis Perkins (à partir de 1995) affichent très souvent des longévités appréciables.
Bien entendu, comme pour n'importe quel autre véhicule, le premier conseil à donner, c'est de vérifier le niveau d'entretien. N'hésitez pas à demander l'ensemble des factures de réparation liées à la voiture convoitée.
Du côté des moteurs essence, les séries K 1.4 L et 1.6 L ont connu de nombreux problèmes de joint de culasse à des kilométrages souvent assez faibles. Ainsi, si vous êtes intéressé par une 200 ou 400 équipée de ce bloc, il est impératif de contrôler si cette réparation, très coûteuse, a été effectuée.
Trouve-t-on facilement des pièces détachées ? La question est légitime. Si la production de pièces neuves a cessé, certains anciens concessionnaires de la marque, qui se sont nécessairement reconvertis, en possèdent encore quelques unes. D'ailleurs, ces adresses peuvent devenir particulièrement utiles en cas de nécessité de passer la voiture à la valise de diagnostic. De rares garagistes indépendants se sont spécialisés dans la réparation de "vieilles" anglaises, et donc de Rover. Ces derniers détiennent des stocks de pièces qui peuvent vous rendre service. Sinon, on trouve relativement facilement des pièces d'occasion dans les casses automobiles ou bien il reste une dernière solution : les pièces adaptables. Les moteurs diesel, boîte et embrayage présents sur la berline et le break 75 proviennent de chez BMW. Ainsi, les pièces ont le mérite de se trouver facilement mais elles demandent un certain budget...
D'une manière générale, les Rover présentent l'avantage d'embarquer relativement peu d'électronique. Ainsi, un petit garage indépendant peut facilement effectuer les réparations à des prix raisonnables.
D'ailleurs, puisque l'on parle d'argent, les Rover "courantes" se négocient généralement à de petits prix. On peut donc facilement réaliser de bonnes affaires. Seuls certains modèles rares et prestigieux, comme la P5 par exemple, une berline statutaire souvent présentée comme une vraie alternative à la Jaguar MKII, présente une cote élevée.
Suite à des ventes en constante diminution et face à l'impossibilité de la part de son propriétaire, Phoenix Venture, de renflouer les caisses de la marque, Rover fut déclaré en état de cessation de paiement en 2005, puis rapidement placé en liquidation judiciaire faute de repreneur. Un constructeur chinois, Nanjing Automobile Corporation (NAC) vint cependant se porter acquéreur de MG Rover mais sans pouvoir exploiter la marque Rover en elle-même qui était encore la propriété de BMW à cette date. C'est ainsi que la Rover 75 fut relancée en Chine quelques mois plus tard sous l'appellation MG 7.
Parallèlement, un autre constructeur chinois, SAIC, déjà propriétaire des droits de production de la Rover 75 suite à un accord passé avec Phoenix Venture, lança sa propre marque baptisée Roewe. De là, naquit un second modèle de "Rover 75" sur le marché chinois.
A ce jour, c'est le groupe indien Tata Motors qui détient la marque Rover, ce même groupe ayant acheté Land Rover à Ford en 2008. Pour le moment, rien ne semble laisser penser à un retour de Rover sur le devant de la scène.
Si la marque était relancée, sa production s'articulerait forcément autour de modèles hybrides ou électriques, un peu à l'image de MG qui est récemment réapparu sur le marché mondial sous l'impulsion de son propriétaire, le chinois SAIC.
Nous ne souhaiterions qu'une seule chose : que cet hypothétique retour se fasse en respectant l'esprit de la marque...
Rover a connu beaucoup de moments difficiles malgré quelques périodes de prospérité. Quoiqu'il en soit, la disparition d'une marque aussi emblématique est un véritable gâchis. Est-ce que cela aurait pu être évité ? Quand BMW a acheté la marque, sa situation financière était globalement bonne. Le groupe allemand aurait certainement pu prendre les décisions qui s'imposaient pour redresser la situation. BMW a clairement laissé des plumes dans cette histoire mais l'allemand a su rebondir en exploitant pleinement la marque Mini qui continue à connaître un énorme succès de nos jours. En 2000, BMW a fait le choix de développer Mini au lieu de sauver Rover. Evidemment, nous aurions préféré la seconde option...
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