19 Mai 2018 " Olivier " Tags : Jaguar
Dans l’esprit collectif, Jaguar rime avec berlines de luxe, à la fois statutaires et inabordables pour le commun des mortels. Pourtant, sous l’impulsion de la maison-mère Tata Motors, la marque anglaise s’est petit à petit modernisée, rajeunie, d’abord en proposant un style plus dynamique puis en décidant enfin de surfer sur la vague des SUV. Après le très réussi F-Pace, c’est son petit frère baptisé logiquement E-Pace qui a vu le jour il y a quelques mois. C’est aussi une véritable révolution chez Jaguar, puisqu’il s’agit du modèle le plus accessible jamais conçu par la marque.
Vendredi 11 mai 2018, 9 heures, arrivée au parc presse Jaguar, avec un soupçon d’impatience, pour prendre le volant de ce très réussi E-Pace. Pour être honnête, ma première idée était d’essayer la version d’appel (vendue au prix de 35 700 €) avec à la clé un article du genre « que vaut la moins chère des Jaguar ? ». Mais s’agissant d’un diesel de « seulement » 150 chevaux, à l’équipement un peu faible, j’ai préféré tester cette version essence de 250 chevaux. Le plaisir avant tout ! Malheureusement, une erreur de réservation a failli anéantir mon rêve. Après d’âpres négociations puis une bonne heure de révision mécanique (opération systématique) et de nettoyage, me voici enfin au volant du fameux crossover anglais. Ouf !
"Une Jaguar, vous êtes sûrs ?". De l'avis général, le félin anglais a un sacré look ! Difficile de passer inaperçu à son bord... Une véritable qualité pour se démarquer sur un créneau concurrentiel.
Il faut bien admettre que cela aurait été dommage de ne pas pouvoir profiter de cette ligne, sportive et racée, qui ferait passer un Audi Q3 pour une armoire normande. C’est indéniable, sur le segment des SUV Compacts premium, le design du Jaguar fait partie des plus réussis. C’est la grande force de ce E-Pace qui, malgré son arrivée tardive sur le marché, a immédiatement marqué les esprits grâce à son style.
Avec des dimensions dans la bonne moyenne du segment (4.40 m de long), le E-Pace s'attaque notamment aux BMW X2 et Audi Q3.
Si l’extérieur flatte la rétine, qu’en est-il de l’intérieur ? Aucune déception, Jaguar a eu l’excellente idée de conserver cette ambiance dynamique tout en offrant ce qu’il faut de luxe pour flatter sa clientèle. Ainsi, la poignée de maintien à droite de la console centrale cohabite habilement avec le cuir noir étendu jusqu’à la planche de bord. Pour ceux qui trouveraient cet intérieur très (trop) noir que seules les surpiqûres rouges égayent, sachez qu’il existe une multitude de coloris possible pour disposer de sa propre configuration.
Très accueillant cet intérieur ! On s'y sent bien immédiatement. Les excellents sièges participent à ce bien-être.
L’esthétique, c’est bien, mais est-il pratique et spacieux ce joli SUV ? Il faut être honnête, ce n’est pas le plus habitable de la catégorie. A l’arrière, l’espace pour les jambes est correct, sans plus. Pour compenser, le coffre offre un beau volume de près de 580 litres. Pratique, il dispose également de rails permettant de le compartimenter. La modularité reste assez simple, comme sur la plupart de ses concurrents.
On peut facilement installer une barre de retenue dans le coffre afin de bloquer un contenu sensible.
Le ramage est-il à la hauteur du plumage ? En épluchant la fiche technique, on s’aperçoit que les chiffres sont plutôt prometteurs : 4 cylindres turbo, 2 litres de cylindrée, 250 ch, 365 Nm de couple obtenu dès 1200 tours/min. Intéressant, non ? Mais en y regardant d’un peu plus près, une chose étonne : le poids. Car, avec une masse à vide qui dépasse allègrement les 1800 kg, le E-Pace est lourd ! C’est environ 150 kg de plus que la concurrence. Les 4 roues motrices imposées sur ce moteur n’aident certainement pas.
Malgré tout, ce petit embonpoint ne se sent pas véritablement sur la route, mis à part en conduite très sportive, où une petite prise de roulis se fait sentir. Equipé de grosses jantes de 20 pouces, la tenue de route est particulièrement saine, avec même une pointe de sportivité, favorisée par un châssis bien réglé. Ce n'est pas le plus sportif de la catégorie, mais l'agrément est bien réel.
Si cette motorisation de 250 chevaux, qui constitue à l'heure actuelle l’offre de base en essence, s’avère amplement suffisante dans toutes les conditions (0 à 100 km réalisé en 7 secondes), il reste malgré tout un peu moins performant que ses principaux concurrents. Rien de bien dramatique cependant.
Un moteur un peu reculé de façon à laisser une zone de déformation en cas d'accident et certainement pour améliorer la répartition des masses et le comportement dynamique.
C’est devenu de plus en plus courant, cette version P250 est équipée uniquement d’une boîte automatique. Dotée de 9 rapports, cette dernière s’avère plutôt agréable au quotidien mais elle n’aime pas être bousculée. Par exemple, il ne faut pas hésiter à enfoncer franchement l’accélérateur pour rétrograder, une opération qui demande un petit temps de latence. Le mode Dynamic (dernier des 4 modes disponibles) n’améliore pas les choses, au contraire même, puisque chaque relance franche s’accompagne d’un à-coup désagréable. Au final, on préférera le mode Confort qui demeure le meilleur compromis entre confort d’utilisation et performances. Si vous êtes joueurs, Jaguar a eu la bonne idée de proposer un mode séquentiel avec deux possibilités d’utilisation : vous avez le choix entre pousser et tirer le levier de vitesse ou, plus amusant, utiliser les palettes situées derrière le volant. Malheureusement, ce mode manuel demeure lui aussi un peu lent.
Envie de vous prendre pour un pilote de F1 ? Alors passez en mode séquentiel et jouez avec les palettes !
Jaguar a fait le choix d’installer sur son SUV star une boîte auto de conception simple, là où de nombreux concurrents optent pour des boîtes à double embrayage, en général plus rapides, plus réactives, mais aussi plus chères. Outre les considérations financières, il est probable que cette technologie plus simple soit gage d’une meilleure fiabilité sur le long terme. L’avenir nous le dira…
Les petits défauts de la boîte ne doivent pas faire oublier que le moteur fait preuve d’une belle élasticité, sait se montrer relativement souple et profite d’une très bonne insonorisation, à tel point qu’à partir de 100 km/h, ce sont les bruits d’air qui dominent. Dommage que sa sonorité soit aussi peu agréable. Pour les mélomanes, le plaisir viendra peut-être d’une future version SVR qui n’a pas été annoncée officiellement.
Parlons également du confort de suspensions qui est d’un bon niveau malgré la vocation sportive de ce modèle. On retrouve ainsi un amortissement bien calibré, ni trop souple, ni trop dur, que seules certaines saignées très marquées mettent un peu à mal. Le confort offert par les sièges à réglage électrique participe également à ce bien-être ressenti à bord. Ces derniers offrent de multiples possibilités de réglages et affichent un excellent maintien.
En termes de consommations, si le chiffre annoncé de 7.7 L/100 km en cycle mixte peut faire rêver, en pratique l’essai a montré qu’il était difficile de descendre sous la barre des 9 litres même en restant très raisonnable, chose que l’on a bien du mal à faire avec un moteur de cette puissance… Ce n'est clairement pas le plus sobre de la catégorie.
Notre P250 était proposé en version haute « Première Edition ». Encore mieux équipée et plus sportive que la finition R-Dynamic HSE, cette version proposée à la vente uniquement la première année, est commercialisée au prix de 64 000 € (comptez 60 200 € en R-Dynamic HSE selon les tarifs 2019). Mais le niveau d’équipement est riche. Difficile d’être exhaustif, mais on peut citer par exemple la présence d’un assistant de feux de route automatique, d’un hayon mains libres à ouverture électrique, de sièges sport recouverts de cuir disposant de 18 réglages électriques, de nombreux systèmes d’infodivertissement, d’un régulateur de vitesse intelligent avec lecture des panneaux de signalisation, d’un système de freinage d’urgence, d’un contrôle de la vigilance du conducteur et d’une assistance de maintien de file.
Garanti 3 ans, le 4x4 Jag n’émet que 174 g de CO2 au kilomètre, ce qui est finalement assez peu compte tenu de son poids et de sa puissance. Malgré tout, le malus écologique s’est tellement durci depuis le 1er janvier 2018 qu’il faudra compter un surplus de 5810 € selon le barème 2019 (au lieu de 7340 € en 2018, soit un gain de 1530 € quand même...). Si notre version d'essai "Première Edition" dépassait les 70 000 € (!) tout compris, la R-Dynamic HSE toujours au catalogue s'affiche au prix de 66 000 € malus inclus. La comparaison avec la concurrence ne tourne pas à son avantage, les SUV allemands équivalents restent moins chers et moins polluants.
Il est incontestablement l’un des plus beaux SUV compacts premium en production. Jaguar a clairement travaillé le style de son E-Pace pour moderniser son image et s’ouvrir à une nouvelle clientèle. Agréable à conduire à condition de ne pas trop brusquer sa boîte auto, le E-Pace P250 demeure malgré tout très cher. Même en essayant de se rapprocher du peuple, une Jaguar reste une Jaguar…
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