1 Octobre 2023 " Olivier " Tags : Infos
Il y a quelques temps, nous avions évoqué les navettes du Mont Saint Michel. Des bus aux caractéristiques particulières qui ont permis de désengorger le mythique site normand. Un autre type de véhicule vient très récemment d'entrer en service sur le Mont : un VATT pour Véhicule Amphibie Tout-Terrain. Un engin performant qui attire immédiatement les regards...
On le sait, l'accès au Mont-Saint Michel n'a rien de simple, surtout pour les secours. Lorsqu'il est entouré d'eau, difficile pour le SDIS de la Manche d'intervenir facilement. Réaliser leur mission sur le sable voire la vase n'a rien de très facile non plus.
Jusque-là, les secours disposaient de deux VAC, des Véhicules d'Aide aux Victimes. Depuis 2014, ces véhicules amphibie composés de deux modules, l'ensemble propulsé par des chenilles, officiaient avec une certaine réussite sur le site historique. Mais voilà, les VAC qui ont coûté la bagatelle de 360 000 € l'unité, commençaient à montrer des signes de faiblesse et surtout, à coûter cher à la collectivité. Les coûts d'entretien et réparation annuels sont extrêmement importants sur des franchisseurs de ce type, les points de graissage sont nombreux et il est indispensable de les réaliser selon les préconisations du constructeur. Par ailleurs, ce type d'engin est avant tout conçu pour évoluer sur la neige, son terrain de prédilection. Avec sa capacité d'emport de 16 personnes et son moteur de 163 chevaux qui lui permettait d'évoluer jusqu'à 55 km/h, les performances de cet engin de l'extrême étaient malgré tout d'un bon niveau mais l'aspect financier a conduit les pouvoirs publics à s'intéresser à un nouveau 4x4 d'intervention.
En avril 2023, les pompiers ont pu tester ce tout nouveau VATT avant de l'adopter définitivement en août dernier. Une période idéale pour apprendre à l'utiliser dans des conditions réelles, au moment où l'affluence touristique est très importante et où les urgences se multiplient. Ce véhicule de sauvetage et d'assistance aux victimes sera certainement encore plus sollicité dans la mesure où le nombre d'interventions augmente tous les ans, une tendance observée par les pompiers qu'ils expliquent principalement par l'absence de prise en compte des horaires des marées (ou parfois leur méconnaissance) et la propension toujours plus grande de certains visiteurs à prendre des risques inconsidérés.
Ce VATT est produit par la société ukrainienne Sherp. Equipé de 4 grandes roues, il se montre moins coûteux à entretenir que son prédécesseur à chenilles tout en se montrant encore plus efficace.
Si votre regard sera nécessairement attiré par ce majestueux monument, vous jetterez forcément un œil sur le Sherp N1200 si vous avez la chance de le croiser.
Il ne passe pas inaperçu lorsqu'il est en mission avec son aspect cubique et ses énormes roues. Son look est avant tout étudié pour l'efficacité : avec une hauteur de 4 mètres, une largeur de 2.50 mètres, une hauteur de 2.85 m et ses 4 roues situées aux quatre coins du véhicule pour réduire au maximum les porte-à-faux, les capacités de franchissement sont phénoménales.
L'engin accepte de gravir des pentes allant jusqu'à 35 degrés d'inclinaison et peut passer des obstacles allant jusqu'à 1 mètre grâce, entre autres, à sa garde au sol généreuse de 600 mm.
Ses 4 roues motrices et sa capacité à régler la pression de ses pneumatiques à l'aide des gaz d'échappement lui permettent d'évoluer sur le sable et dans la boue sans la moindre difficulté. Lorsque la marée monte ou bien que le Mont est entièrement entouré par l'eau, ce Sherp Rescue N1200 n'éprouve aucune difficulté à réaliser sa mission puisqu'il est capable de flotter grâce à ses soubassements qui rappellent les coques de bateau.
Rien ne lui résiste ou presque. Les pneus (sans chambre à air) peuvent être gonflés ou dégonflés en fonction des besoins.
Ce sont ses grandes roues à moitié immergées qui lui permettent d'avancer sous l'eau, à la vitesse de 6 km/h. Sur terre, la vitesse maximale atteint 40 km/h. Le moteur diesel de 1.8 L de cylindrée est fabriqué en Corée du Sud par Doosan et développe la puissance de 55 chevaux seulement. Couplée à une boîte manuelle 6 vitesses d'origine Renault, cette motorisation semble légère sur le papier mais elle offre suffisamment de couple (190 Nm) pour permettre à l'engin d'évoluer dans toutes les conditions, même avec les 9 personnes qu'il est capable d'embarquer au maximum à son bord, chauffeur compris. Pour l'anecdote, ce bloc peut théoriquement réaliser sa mission jusqu'à 3000 m d'altitude, ce qui est amplement suffisant dans le cas présent...
Petite particularité propre à ce tout-terrain : les réservoirs sont intégrés aux roues. Ainsi, on dénombre au total 4 réservoirs de 58 litres chacun, soit un volume total de 232 litres. Il est même possible sur les versions "rescue" de pousser la capacité de gazole à 327 litres pour une autonomie estimée à environ 65 heures.
Enfin, le volume intérieur s'élève à 7.8 m3 dont 5.8 m3 sont dévolus à l'espace à l'arrière, qui peut accueillir une civière et qui dispose de places assises grâce à des strapontins.
A la lecture de la fiche technique, on se rend immédiatement compte que cet engin est fait pour le franchissement. Mais on le sait moins, la dimension environnementale a également été prise en compte lors de sa conception. Par exemple, le choix d'une motorisation assez peu puissante et disposant des traditionnels dispositifs de dépollution est déjà un argument en faveur de l'environnement. Autre avantage, les pneus ont été conçus pour épargner autant que possible la faune locale, assez fournie dans ce lieu mythique. Le poids relativement limité du VATT (1200 kg à vide, jusqu'à 2 400 kg au maximum) participe à l'effort réalisé sur son impact environnemental.
Si les pompiers de la Manche (et plus généralement les pouvoirs publics) vont réaliser des économies au niveau de l'entretien de leur nouveau bébé, le gain à l'achat est également très significatif. Ainsi, ce modèle d'occasion a été acheté au prix de 100 000 €, en sachant qu'il faut compter environ 200 000 € pour un modèle neuf. En comparaison, c'est à peu près la moitié du budget nécessaire pour acquérir un engin à chenilles comme celui utilisé précédemment par les secouristes.
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